Il y a quelques années, j'ai éte invité à réfléchir à la réalisation d'un projet dédié aux victimes de la Shoah. Ce monument devait être installé en face du Reichstag à Berlin. J'avais répondu alors que je pensais que les monuments étaient plutôt souhaités par les Etats non pas pour que l'on se souvienne, mais pour que l'on oublie, que l'argent dépensé, la taille imposante, les matériaux nobles de la sculpture et la cérémonie d'inauguration n'étaient là, cet événement se situait dans l'Histoire et non dans le présent. Je leur conseillais de ne rien construire mais d'utiliser leur argent et leur énergie à créer une organisation qui permettrait à chacun d'offrir une heure de sa vie à lire le nom des victimes du nazisme, et que jour et nuit, le nouveau donateur de temps construise par la parole un monument unvisible. Si un jour plus personne ne devait se proposer, il faudrait faire attention, l'oubli serait là et le danger revenu.
Il y a quelques années, j'ai éte invité à réfléchir à la réalisation d'un projet dédié aux victimes de la Shoah. Ce monument devait être installé en face du Reichstag à Berlin. J'avais répondu alors que je pensais que les monuments étaient plutôt souhaités par les Etats non pas pour que l'on se souvienne, mais pour que l'on oublie, que l'argent dépensé, la taille imposante, les matériaux nobles de la sculpture et la cérémonie d'inauguration n'étaient là, cet événement se situait dans l'Histoire et non dans le présent. Je leur conseillais de ne rien construire mais d'utiliser leur argent et leur énergie à créer une organisation qui permettrait à chacun d'offrir une heure de sa vie à lire le nom des victimes du nazisme, et que jour et nuit, le nouveau donateur de temps construise par la parole un monument unvisible. Si un jour plus personne ne devait se proposer, il faudrait faire attention, l'oubli serait là et le danger revenu.